Kennedy à la française ?

Ce 1er mai-là, le Front national, fort de ses succès dans les urnes, le voulait conquérant, radieux ! Raté, il a viré à la farce ou plutôt à la tragi-comédie. D’abord, il y a la pluie qui a découragé les militants. La pluie qui aplatit la coiffure, ce qui n’est guère flatteur pour l’image de la présidente bousculée par trois Femen au moment où elle dépose sa gerbe de lys devant la statue de Jeanne d’Arc. Tandis qu’elle prend la tête du cortège, Jean-Marie, barricadé dans un hôtel voisin, vient déposer sa gerbe à son tour. « Au secours, Jeanne, au secours pour la France », implore-t-il avec sa tête des mauvais jours. C’est que, pour la première fois depuis 1988, il ne défilera pas aux côtés de sa fille qui vient d’arriver place de l’Opéra. Elle monte à la tribune sous les ovations quand… coucou ! le voilà qui surgit sur le podium. La démarche hésitante, il salue la foule qui l’acclame, lève les bras poings serrés. Une mise en scène soignée : manteau rouge vif à col de velours noir (une tenue de chasse à courre). Le loup s’est déguisé en chaperon rouge mais les militants veulent croire que le père et la fille sont de mèche. Que nenni ! Pas un regard échangé. Marine Le Pen semble exaspérée, elle accusera son père d’« acte malveillant, méprisant » à son égard. Il repart, il n’écoutera pas le discours. Enfin elle peut parler. Pas longtemps… Trois Femen, seins nus, surgissent à un balcon de l’hôtel InterContinental, déploient deux grandes banderoles rouges “Heil Le Pen !” et font le salut hitlérien. Les militants vocifèrent, la présidente ne peut plus parler jusqu’à ce que le service d’ordre du FN, entré par la force dans l’hôtel, vienne les déloger avec une brutalité qui met l’opinion du côté des “trublionnes”. Images reprises en boucle toute la journée, avec en prime les coups de parapluie de Bruno Gollnisch sur l’équipe des journalistes de Canal Plus. Le discours de Marine Le Pen est totalement parasité. Elle a pourtant repris tous les fondamentaux du Front national : la dénonciation des méfaits de l’Union européenne qui poussent à l’immigration massive. Elle veut rétablir les frontières, revoir les conditions d’asile, arrêter l’immigration. « On est chez nous, on est chez nous », hurlent les militants. Mais, de ce 1er mai, l’on retiendra surtout la rupture du lien père-fille. Trop, c’est trop ! Certains, Florian Philippot en tête, demandaient son exclusion. C’est vrai qu’il devient de plus en plus encombrant, surtout après les révélations des millions qu’il cacherait dans des paradis fiscaux. Jean-Marie Le Pen ne s’exprimera plus au nom du Front national. Qu’importe ! Jusqu’à son dernier souffle, il s’est juré de pourrir la vie de Marine. « Les Le Pen sont les Kennedy français », a-t-elle dit au magazine Newsweek. À chacun de juger. La classe en moins tout de même!