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L'actu de Rizzo
7 septembre 2015

Le problème de la banque

De cet échec du lobby des grandes banques systémiques au Parlement européen, il ne faut toutefois pas conclure à l’existence d’une majorité en faveur de la séparation La séparation entre banques de dépôt et banques d’affaires est un élément essentiel de la régulation financière. C’est aussi un dossier où Michel Barnier, l’ex-commissaire responsable, a commis une erreur stratégique majeure?: s’il en avait fait une priorité en début de législature en 2009, la proximité de la crise financière aurait probablement exercé une pression telle sur les élus qu’aujourd’hui, plus aucune banque systémique ne pourrait combiner la collecte des dépôts et les activités (le plus souvent spéculatives) sur les marchés financiers. Hélas, ce n’est que trois mois avant les élections européennes de 2014 qu’il a déposé un modeste projet permettant d’imposer, au cas par cas, sinon une séparation, du moins une filialisation. C’est donc le nouveau Parlement qui s’est saisi du dossier, confié à un rapporteur conservateur, Gunnar Hökmark, opposant notoire à toute idée de séparation bancaire. Il a proposé un texte vidant le modeste texte Barnier de l’essentiel de son contenu, et soutenu par trois groupes politiques?: conservateurs PPE, conservateurs eurosceptiques ECR et libéraux ALDE. En cela, il est en phase avec la petite musique du secteur financier, qui se plaint de ce que la re-régulation de la finance est allée trop loin, et qu’il faut s’en tenir là pour faciliter le crédit à l’économie réelle. Face à ce texte, deux réactions?: celle soutenue par les sociaux-démocrates, renforçant un peu le texte de Barnier mais sans prévoir de filialisation obligatoire, même pour les plus grandes banques universelles?; et celle soutenue par les Verts, la gauche radicale (GUE) et le mouvement 5 étoiles italien, prévoyant que toutes les banques considérées comme importantes (au sens des critères qui placent les banques de la zone euro sous la supervision directe de la Banque centrale européenne) devraient séparer leurs activités de marché de leurs activités de banque de dépôt. La commission des affaires économiques et monétaires (ECON) devait donner le 26?mai un avis en pratique décisif. Elle avait le choix entre “rien” (le texte Hökmark, soutenu par la droite), “mieux que rien” (le texte socialiste) et “ce qu’il faut faire” (le nôtre). Je m’attendais à ce que le texte Hökmark l’emporte de justesse?: les trois groupes de droite disposent en effet de 29 voix sur 61 en ECON, et j’imaginais que le rapporteur s’était assuré de quelques renforts auprès des non-inscrits. Après deux heures de vote, qui vit le rejet des options social-démocrate et de gauche, le texte Hökmak fut également rejeté?: 29 voix pour et 30 voix contre. Le projet de règlement est de nouveau en panne?! Contrariant pour la coalition de droite menée par Hökmark, qui avait insisté pour procéder au vote malgré des incertitudes patentes. Si l’on peut se réjouir de cet échec du lobby des grandes banques systémiques, il ne faut pas en déduire qu’il existe une majorité pour impérativement séparer les banques, sur le modèle de ce que nous proposons?: certains des amendements qui affaiblissaient la modeste proposition Barnier venaient des rangs… socialistes. “L’époque où la finance était son adversaire est décidément révolue au sein de la gauche de gouvernement” En particulier, les députés socialistes français se montrent très réticents à l’idée de séparer les activités de leurs “champions bancaires nationaux” que sont BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole. L’époque où la finance était son adversaire est décidément révolue au sein de la gauche de gouvernement. Mais comptez sur moi pour rappeler à nos collègues socialistes qu’ils doivent, comme les banques, se recentrer sur leur métier de base. À savoir défendre la justice sociale autant que les banques doivent réinvestir dans l’économie réelle.

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  • Rizzo - franco-italien, jeune pour toujours. J'aime voyager, j'aime manger, j'ai boire, j'aime danser. J'aurai du vivre au Moyen Age pour profiter comme il se doit, mais en attendant je suis coincé au 21ème Siècle. Bonne lecture!
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